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L'ÉGLISE

L’église actuelle de Vacquiers dénommée Notre Dame de l’Assomption, n’a été implantée au sommet du village-haut qu’à la fin du XVIe siècle, après les guerres de religion opposant protestants et catholiques et l’incendie de l’église St Sernin en 1570.

Documents historiques


Pour la période antérieure, les documents historiques attestent l’existence de deux églises ayant totalement disparu et d’une chapelle Sainte Marie à proximité du château castral :


- En 1185, « l’Ecclesia de Vacers » fait partie des églises mentionnées dans la liste des églises constituant l’archidiaconé de Villelongue
(aujourd’hui, commune de Castelsarrasin) relevant du diocèse ecclésiastique de Toulouse (cartulaire de Saint-Sernin).

- En 1232, l’église paroissiale est mentionnée sur un document des Archives Nationales (AN J 303 n° 46) : « la gleia de Saint Saerni es de Vaquers ».

- En 1238, l’église Saint-Saturnin de Vacquiers, avec sa chapelle Sainte-Marie, son dîmaire (unité géographique sur laquelle se percevait une dime soit une contribution paroissiale) restaient rattachés à Saint-Sernin, après un compromis passé entre Raimond, l’évêque de Toulouse et Bernard, abbé de Saint-Sernin.


Ainsi étaient déjà présentes à Vacquiers depuis le haut moyen-âge : l’église Saint Saturnin et son cimetière, située au barri (faubourg) et la chapelle Sainte-Marie au Castrum, près du château. Ce schéma est classique pour un lieu défensif.

A la même époque, l’église Saint-Pierre du Bousquet, au nord-est du consulat et confrontant Villemur, dépendait de l’abbaye Saint-Michel de Gaillac puis, à compter de 1170, des Hospitaliers de St Jean de Jérusalem de Fronton.

St Pierre du Bousquet et son cimetière semblent abandonnés fin XIIIe en même temps que l’habitat rural qui a fait l’objet de fouilles archéologiques en 1982-1985.


C’est vraisemblablement le résultat d’une sentence inquisitoriale de 1244 car l’habitat rural médiéval proche de l’église St Pierre du Bousquet ayant accueilli des parfaits cathares selon le témoignage de Arnaud Hélie, le site devait être détruit avec interdiction de rebâtir en ce lieu à perpétuité.


Ainsi, à compter de 1295, une partie du dîmaire de St Pierre du Bousquet a été cédé aux frères Tournier. La dernière mention écrite de l’église date de 1370. Mais elle est restée longtemps dans la mémoire collective car le compoix de 1701 en indique la trace sous forme de motte de terre « élévation de terre qui marque l’endroit où était anciennement l’église de Saint Pierre ».

- En 1250, dans le Saisimentum comitatus tholosani, il est mentionné que Vacquiers (castrum de Vacqueriis) appartient au diocèse de Toulouse.

- En 1562, débute la première guerre de religion. Les assassinats de prêtres et les « saccagements » d’églises furent très nombreux. Deux prêtres sont massacrés à Vacquiers. L’église de Vacquiers est brûlée en janvier 1570 par les huguenots (protestants présents à Montauban et Villemur).

Des témoignages le confirment dont le notaire de Vacquiers qui déposa que « les ennemys ont aussi bruslées l’esglize du lieu avec ses esglizes annexes, ainsi que les esglizes de Villematier, Fronton, Montjoire, Paulhac, Cépet, Gratentour, Bouloc, … ».

Les trésoriers généraux de France, en juin 1581, procèdent à des dégrèvements à la suite de nouvelles dévastations des bénéfices (terres récoltes) par les Huguenots en 1580. Ainsi à Vacquiers, le dégrèvement fut accordé pour la moitié de ce qui est dû au Roi et des taxes de ladite année.


Après l’incendie de 1570, l’ancienne église Saint-Sernin, située devant le cimetière actuel, est restée en ruines. En 1701, le compoix ci-contre fait état du cimetière actuel mais ne mentionne plus l’église.

La destruction totale de l’église St Sernin sera ordonnée en 1873 par l’abbé Reclus.



Lors de travaux à l’entrée du cimetière en 1950, Jean Martin avait mis à jour des fondations de briques, ce qui confirmerait son existence en ce lieu.

La nouvelle église

 

La nouvelle église fut rebâtie sur le plateau en intégrant la chapelle castrale existante. Elle prit le nom de Notre-Dame de l’Assomption.


La date exacte de la reconstruction au village-haut n’est pas connue mais celle-ci a dû se faire progressivement. Quelques documents permettent de la situer avant 1624 soit plus de 40 ans après l’incendie de l’église St Sernin.


Le changement de titulature de l’église paroissiale passant de St-Sernin à Notre Dame de l’Assomption s’est fait également progressivement entre 1624 et 1841, créant un flou dans l’interprétation des textes la concernant. Ainsi des sépultures furent célébrés tout le début du XVIIe siècle dans l’église St Sernin de Vacquiers selon les registres d’inhumation.


Les visites pastorales effectuées par l’évêque ou par son vicaire général, avaient pour but de vérifier la bonne tenue de la paroisse, et des pratiques du curé tout en inspectant le bâtiment de l’église dans ses moindres détails. Elles seront consignées dans le « coutumier des offices ».


En 1670, une visite paroissiale indique que l’église n’était point voûtée et recevait le jour par deux fenêtres dont l’une était dépourvue de vitres…

Faute de fonds pour faire les réparations, la communauté a essuyé trois fois de suite l’interdiction de l’église (peine canonique).

La visite pastorale du 28 avril 1742 dresse un procès-verbal également peu flatteur pour l’église de Vacquiers : les lieux sont vétustes, la saleté et le désordre règnent partout … !


Au XVIIIe siècle, le village ne possédait pas encore d’horloge communale. A la demande des villageois, les membres de la municipalité fraîchement élus décidèrent d’en installer une. Elle fut fixée au clocher le 3 octobre 1790. Son cadran qui donnait l’heure légale fut orienté côté village pour être plus facilement visible par tous.


Au XIXe siècle, d’importants travaux sont effectués dans l’église paroissiale Notre Dame (cf Nouvelle histoire de Vacquiers de l’abbé Teysseyre) :

  • Le 1er mai 1832, le conseil municipal constatait que la toiture de l’église avait besoin d’être recouverte dans son entier (il faudra 2 500 tuiles canal).
  • Du 4 octobre 1834 au 10 juillet 1835, construction de la voûte.
  • En 1837, l’ouverture de la porte sous le clocher oblige à déplacer les fonts baptismaux dans le vestibule de la grande porte qui est condamnée (sous l’ancienne mairie).
  • En 1842 un ensemble de 9 vitraux est commandé : cinq dans le sanctuaire, quatre dans la nef. Ils seront réalisés par Louis Victor Gesta (1828-1894) peintre verrier installé à Toulouse, boulevard de Strasbourg. Ils seront posés et réglés en 1864.
  • Le 15 juillet 1850, le nouveau carrelage est placé en losange. Les 1 050 carreaux nécessaires font 42 cm de côté et 0,5 cm d’épaisseur et ils sont achetés à Cépet.
  • Le Conseil Municipal, en date du 19 juillet 1852, décidait d’acheter une nouvelle cloche. Celle-ci, d’un poids de 531 kg, fut fondue à Toulouse par M. Jean Tonizou.
  • En 1854, il fut décidé d’installer des stalles. Un acompte de 400 francs fut versé au menuisier le 17 août et le solde de 320 francs lui fut versé le 31 octobre.
  • La nouvelle sacristie fut réalisée par Jean-Pierre Vales, menuisier, en 1857.
  • Deux immenses tableaux furent placés de chaque côté du sanctuaire en 1859. Ils furent exécutés par le neveu du curé de Villeneuve les Bouloc, à Paris.
  • Le 4 août 1861, le Conseil Municipal décida d’acheter une chaire, fabriquée en 1864 par Mr Valès, menuisier.
  • Une paire de candélabres en bois doré furent achetés chez Mr Mazères le 12 août 1865.
  • Un harmonium fut acheté le 8 août 1866 chez M l’abbé Cordier aux Andelys (dans l’Eure).
  • Trois lustres en cristal embellirent la nef.


Le 24 novembre 1872, le conseil municipal doit trouver plus de 2 000 francs pour terminer, en urgence, le mur du cimetière commencé 3 ans plus tôt et dont le chantier est arrêté par manque de fonds.

Les matériaux de l’église Saint-Sernin en ruine ont pu servir pour édifier le mur du cimetière car sa destruction totale fut ordonnée en 1873.

L’église de Vacquiers était alors de type clocher-mur avec 5 cloches dont il ne reste aucune image ; l’illustration ci-contre donne un exemple de ce clocher typique de la région.


Malheureusement, après tous ces investissements, le 3 juin 1892, à 22h30, un ouragan de grêle inouï avec des vents très violents ravagea la région et notamment le village de Vacquiers. Il ne dura que 7 à 8 minutes. Mais le clocher mur s’effondra sur l’église, endommageant le toit, brisant la voûte jusqu’au milieu du bâtiment, écrasant mobilier, chaises, vitraux, stalles, autel, bénitier, lustre et harmonium. Même le mur de façade fut ébranlé.

Sur le plateau de l’église, un vénérable ormeau, multi centenaire, planté sous l’ordre de Sully, ministre d’Henry IV à la fin du XVIe siècle, faisait la fierté du village. Il fut arraché par l’ouragan et transporté à des centaines de mètres en direction de Montjoire.

Toutes les récoltes ont été détruites et les bâtiments subirent de nombreux dégâts.


Placés sous la responsabilité de l’architecte toulousain Joseph Thillet, les travaux de reconstruction de l’église durèrent environ 10 ans. Le premier devis estima le coût à 25 900 francs. Le 6 août 1893, le conseil de Fabrique[1] délibéra sur le projet de reconstruction du clocher. La proposition de M.Thillet fut acceptée mais avec l’abandon de l’ancienne forme du clocher-mur offrant trop de prise au vent, au profit d’un clocher en briques à pans coupés. Le montant sera ramené à 19 800 francs.

Commencés après 1895, les travaux de reconstruction de l’église et du clocher furent terminés le 11 décembre 1906.


En 1982, un vacquiérois, Antonin Roumagnac, sculpteur sur bois, se lança, avec son seul canif, dans la réalisation d’une crèche pour l’église de Vacquiers. 22 personnages d’une trentaine de centimètres de haut verront ainsi le jour. Tous les ans, à Noël, cette crèche unique en France peut être admirée avec tous ses santons qui d’ailleurs ressemblent étrangement à leur créateur !

Depuis les travaux du début du XXème siècle, des réparations sur la structure de l’église et sur la toiture devenaient urgentes.

Dans sa séance du 6 septembre 2005, le conseil municipal approuva le projet de rénovation extérieure de l’église.

De gros travaux de consolidation et de ravalement furent réalisés ainsi que la réfection de la toiture. L’horloge a retrouvé sa place initiale sur la façade principale du clocher.

Description intérieure de l’église actuelle

Selon compte rendu de la commission diocésaine d’Art-Sacré du 28 avril 2008

La nef est voûtée d’ogives et composée de trois travées, son architecture intérieure est scandée par des pilastres et 4 colonnes dans le chœur. Un entablement avec corniche et denticule fait le tour de l’édifice et unifie l’ensemble. Cette architecture intérieure est typique de la période néo-classique du milieu du XIXe siècle.

L’église de Vacquiers aux belles proportions présente une seule nef de près de 20 m de long et de près de 10 m de large.

Le chœur avec ses 8,35 m de long porte l’intérieur de l’édifice à 28,30 m et abrite l’autel.

La voûte s’élève à une hauteur de 9,20 m.

A gauche, en entrant dans l’église, une grande piéta en bois doré a la particularité de montrer Marie embrassant la main de Jésus. Installée dans une niche, elle a été épargnée lors de la chute du clocher en 1892.



Le chœur est pentagonal et voûté d’ogives. La voûte est peinte en ciel et blanc, à l’image de la Vierge. L’autel, une œuvre du XVIIème siècle, en marbre et son magnifique retable en bois doré et marbre intégrant le tabernacle sont au fond de l’abside. L’ensemble est classé par les Monuments Historiques ainsi que les deux candélabres à trois branches, en bois sculptés et dorés, placés sur des stèles de part et d’autre de l’autel.

nef de l'église de Vacquiers

L’entrée dans l’église se fait par un très beau porche en briques de 6,10 m sur 5,45 m de large et d’une hauteur de 5,10 m soutenant un clocher qui s’élève à 28,83 m, hauteur à laquelle il convient d’ajouter les 3,88 m du paratonnerre surmonté du coq girouette en cuivre.



La chapelle castrale, consistant aujourd’hui en la vieille sacristie de cette église, représente le plus vieux monument de Vacquiers (antérieur au XIIe siècle). On peut y observer de curieuses têtes sculptées aux extrémités de la voûte en croisée d’ogives


L’église actuelle de Vacquiers est devenue le symbole du patrimoine du village. « Reconstruite sur un point culminant, elle apparaît dans le lointain comme un phare vigilant sur toute l’étendue de la vallée arrosée par le Tarn », selon Adrien Escudier.


  [1] Comme un peu partout en France, la paroisse de Vacquiers possédait une Fabrique paroissiale. Il s’agissait d’une sorte de confrérie chargée de l’administration des biens de l’église et de la collecte de fonds destinée à l’entretien des édifices religieux. Les conseils de fabrique, supprimés à la révolution puis rétablis au Concordat, prirent fin lors de la loi sur la séparation des églises et de l’état en 1905.

Bibliographie :   

  • Monographie de Vacquiers par M.Escudier
  • La nouvelle Histoire de Vacquiers par Christian Teysseyre
  • Thèse de Jean Catalo sur le Nord Est Toulousain


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